mercredi 1 décembre 2010

Monstre-toi...




Voltaire écrivait en 1764 dans son Dictionnaire philosophique
« il est plus difficile qu’on ne pense de définir les monstres. »


Le monstre a cet avantage qu’il incarne nos peurs et détient le pouvoir de naviguer entre les mondes : du fantasme au réel, il a le privilège de côtoyer les morts, ce qui lui confère une dimension sacrée. Laid repoussant ou totalement invisible, il crée l’effroi, stimule l’imagination mais n’apparaît jamais par hasard. 

La thématique du monstre dans les arts (de la peinture au cinéma en passant par la littérature), est extrêmement riche et féconde. D'autant plus que le terme de monstre recouvre plusieurs acceptions : 
1. Être vivant contrefait, difforme.
2. Être fantastique de la mythologie, des légendes.
3. Animal,
objet effrayant par sa taille, son aspect.
4. Personne d’une laideur repoussante.
5. Personne qui suscite l’horreur par sa cruauté, sa perversité.

Faisons tout de même une petite distinction entre "monstre" et "créature fantastique". Si le monstre est davantage un "être" réel, la créature fantastique est elle le fruit de l'imagination humaine. Elle rejoint alors l'idée que le sens commun se fait du monstre : un animal hors norme aussi bien dans son physique que dans son potentiel. 

Chimère et créature fantastique : de la mythologie grecque à la Bible 
La chimère est dans la mythologie grecque une créature composée de plusieurs animaux. On retrouve dans les bestiaires médiévaux et illustration de la Bible quantité de ces créatures fantastiques. 


Sur le site de la BNF, dans le cadre de l'exposition sur les bestiaires médiévaux, 
un jeu pour vous amuser à créer votre chimère.

Bestiaires et maxi-monstres, cliquez dans le menu de gauche sur l'atelier









Le monstre dans la peinture : le retable d'Issenheim (1512-1516)


Si le monstre sous toutes ses formes a été un sujet de prédilection pour de nombreux artistes (surtout du Nord de l'Europe), une des représentations les plus étonnantes est sans doute celle de Mathias Grunewald pour le retable d'Issenheim, sur le panneau de la tentation de Saint Antoine. 








Né à Qeman en Egypte en 251 et fervent chrétien, il prend l'Évangile à la lettre et distribue très jeune tous ses biens aux pauvres, puis part vivre dans le désert en ermite dans un fortin à Pispir, à proximité de sa ville natale.
A la manière de Jésus, il subit les tentations du Diable pendant fort longtemps et les démons n'hésitent pas à s'attaquer à sa vie d'anachorète. Mais Antoine résiste à tout et ne se laisse pas abuser par les visions tentatrices qui se multiplient de jour en jour

L'histoire de Saint Antoine inspira de nombreux artistes, dont le fameux triptyque de Jérôme BOSCH






Monstre et Romantisme : Le Cauchemar de FUSSLI (1782)



Peintre inventif et surnaturel, il croit nécessaire une certaine exagération. Le sommeil et les rêves étaient des sujets habituels pour Füssli. Le Cauchemar offre simultanément l'image d'un rêve - en dépeignant l'effet du cauchemar sur la femme - et le rêve en image - en représentant symboliquement la vision du sommeil. 






Monstre et art contemporain


De nombreux artistes s'intéressent encore aujourd'hui à la figure du monstre. 
Thomas GRUNFELD réalise des créatures fantastiques proches des chimères en associant différents animaux empaillés (taxidermie). Les pièces de Thomas Grünfeld sont toujours ambiguës, hybrides plutôt. Elles provoquent chez le spectateur séduction et malaise et suscitent de profondes interrogations.


Tout à la fois absurde et déroutant, l’univers de Grünfeld dérange autant par ce qui est montré que par ce qu’il suggère.

Misfit (Girafe, autruche, cheval), 2000, 210 cm de haut 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour ce Blog !
Attention, la tentation de Saint Antoine n'est pas de Bosch, mais de Mathias Grunewald !